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Mais on était alors en pleine révolution, et la rédaction primitive, qui datait de l’ancien régime, fut soumise à un système curieux de corrections : « Le comte et le marquis de Dorci » devinrent « Paul et François Dorci. » Cela était nécessaire. Paul Dorci « a de la sensibilité et des vertus » ; il ne peut donc pas être un aristocrate. Le « château » qui éveillait dans les âmes des patriotes des idées odieuses, devint la « maison » ; la « terre » devint la « possession ». Un homme libre ne peut labourer la terre du seigneur, mais il peut travailler sur la possession d’un citoyen, ce qui est bien différent, n’est-il pas vrai ? Dans la rédaction primitive se trouvait une jeune paysanne du nom d’Annette qui faisait « sa première communion ». On ne pouvait laisser plus longtemps cette innocente enfant victime du fanatisme et de l’imposture. On remplaça sa première communion par un peu d’instruction laïque, ce qui explique immédiatement « la sensibilité » d’Annette et toutes ses vertus.

Ces corrections sont dans l’esprit de l’époque. La censure en exigeait de semblables des auteurs dont elle examinait les comédies et les mélodrames.