« paraissez sans crainte ; arrivez comme une
étrangère à Frédéricsbourg où nous allons
nous établir. Faites-moi dire l’instant où vous
y paraîtrez, et n’ayez nulle inquiétude sur le
reste. »
— Eh ! bien, Bathilde, dit Mme de Saxe en lui faisant part de cette lettre, que penses-tu de ce qu’on m’écrit ?
— Mersbourg fortifie l’opinion dans laquelle j’ai toujours été, madame, que vous n’aviez pas de meilleur ami que lui dans le monde. À l’égard du conseil qu’il vous donne, dès qu’il le garantit je l’approuve. Il est tenu de vous rapprocher de l’objet que vous aimez ; il est tenu de rompre avec celui qui fait votre malheur ; il est tenu, en un mot, de mettre fin à la vie errante que nous menons, et dont vous venez d’apercevoir les dangers d’une manière vraiment effrayante.
— Allons, ma chère Bathilde, disposons-nous à suivre les avis qu’on nous donne ; puissent-ils tourner à notre avantage… Mais que de noirs pressentiments troublent encore mon imagination !
Une autre inquiétude agitait encore la princesse : elle craignait de rencontrer son mari sur la route, en le suivant d’aussi près ; et, avant que le comte n’eût tout préparé, cet événement pouvait avoir des suites dangereuses.