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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


« cela dans des temps plus heureux. Contentez-vous de savoir que nous partons, et qu’à l’instant où vous recevrez celle-ci, nous ne serons plus dans Venise. Soyez certaine que je ne quitterai pas le prince. Voulez-vous maintenant suivre quelques conseils, que ma conduite et mon attachement pour vous m’obligent à vous donner ? Rentrez en Saxe ; le marquis de Thuringe, trop longtemps séparé de vous, désire votre retour avec impatience. Nous y serons, votre époux et moi, quand vous arriverez ; mais ne redoutez rien de lui tant que j’y serai : vous servir de tous mes moyens, vous préserver de tous les dangers, sera toujours mon seul devoir, ma seule occupation. Il est temps de briser vos fers, il est temps de vous rendre heureuse. Mais il est quelques précautions à prendre auparavant ; je les indiquerai à votre sagesse, et je me flatte que vous les approuverez : venez donc sans perdre un instant. Votre mari vous croit morte, il vous regrette : j’ai cru ce moyen bon pour le désarmer. Si votre apparition subite sèche ses larmes et le rend à ses fureurs, je suis là pour vous défendre ; son injustice prêtera des forces au marquis de Thuringe et nous vous soustrairons à ce barbare. Ne le redoutez donc plus, et