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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Chevalier, dit-il à celui qui l’interrogeait et qu’il connaissait à merveille, celle que vous cherchez est-elle votre femme ?

— Elle est la dame de mes pensées, et c’est pour elle que je combats depuis deux ans les traîtres et les incivils.

— En ce cas, je vous conseille de changer cet objet de vos affections ; elle n’en est pas digne : sans des preuves certaines de sa faiblesse, je ne l’eusse pas gardée si longtemps chez moi.

— Vous êtes un déloyal, qui me ferez raison de cette calomnie.

— Ne m’interrogez pas, chevalier, si vous ne voulez pas que je vous dise la vérité, et ne me manquez pas de respect, si vous ne voulez pas que je vous en ôte cruellement les moyens. Croyez que ce n’est pas à moi seul que s’est rendue votre belle Saxonne : quand elle est arrivée chez moi, elle était déjà la maîtresse du baron de Dourlach qui l’avait enlevée au margrave de Bade, avec lequel on sait qu’elle vivait dans la plus grande intimité.

Frédéric allait éclater une seconde fois ; et s’élançant sur le faisceau d’armes qui servait de siège au brigand, il allait se saisir d’une épée, lorsque Mersbourg, lui retenant les mains, parvint à le contenir.