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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


principalement l’Allemagne, dont Venise était si voisine, languissaient dans les ténèbres de l’ignorance et de la barbarie.

Quoique les quais de Rialto ne fussent pas bâtis comme aujourd’hui d’édifices superbes dont quelques-uns offrent aux voyageurs de somptueux asiles, on y trouvait pourtant alors des endroits commodes pour toutes les sortes d’étrangers venant visiter l’enfance de cette dominatrice des mers qui l’environnaient. Ce fut dans une de ces hôtelleries que Mme de Saxe descendit avec la fidèle compagne de son sort.

Le premier soin de la princesse fut de s’informer, à l’hôtel où elle était descendue, du marchand le plus recommandable dans Venise, pour faire usage de la lettre de Bundorf, dans la principale vue de s’étayer, pendant son séjour dans cette ville, d’une connaissance utile et indispensable, tant pour sa sûreté personnelle que pour s’assurer des ressources contre l’ennui de l’isolement. On lui indiqua il signor Bianchi, riche armateur. Ce fut l’hôte lui-même qui voulut aller le prévenir de l’arrivée de la baronne de Neuhaus, qui lui était recommandée, et le prier de fixer l’heure à laquelle cette dame pouvait se rendre chez lui.

Bianchi vola aussitôt lui-même chez Adélaïde, qui lui présenta la lettre dont elle était munie.