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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— N’est-il donc pas permis de tromper les autres, quand il s’agit de se sauver soi-même ? Dans les annales de l’Histoire, que de traités faux, de promesses vaines dangereusement rompues, de guerres injustes, et toujours les intérêts des uns sacrifiés à l’avantage des autres !

— Mais si vous trompez ce jeune homme, il ne s’en consolera pas.

— Je ferai tout pour le décourager.

— Pourra-t-il trouver quelque compensation à la perte de votre cœur ?

— Laissons cela, ma chère, et ne songeons pas à la réparation avant que le mal ne soit fait. Il est une chose que nous oublions et qui serait, ce me semble, très essentielle.

— Quoi donc, madame ?

— Il faudrait faire savoir notre malheureuse aventure à Bundorf qui peut nous être utile.

— Je sens toute l’importance de votre réflexion, madame, mais soyez certaine que nos correspondances sont trop bien observées pour qu’aucune de nos lettres puisse parvenir à son adresse. Reposons-nous sur les effets de la démarche que vous venez d’entreprendre auprès du baron : nous agirons ensuite avec bien plus de fruits et beaucoup moins de danger…

Mais le margrave entrant tout à coup d’un air