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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


cette qualité, lui dit que, quelque sage qu’eût été le projet de retourner en Saxe, la guerre qui s’y allumait en ce moment rendait cette résolution impossible, et que ce qu’elle avait de mieux à faire était ou de se fixer à Francfort ou de voyager.

— En attendant que vos résolutions soient prises, madame, poursuivit-il, me permettez-vous de réparer l’inconstance du sort ?… Voici une lettre de recommandation illimitée, au moyen de laquelle les meilleurs marchands des principales villes de l’Europe ne feront pas de difficulté de vous compter l’argent dont vous aurez besoin. Souffrez, poursuivit-il en présentant à la princesse deux bourses pleines d’or, souffrez que j’y joigne cette somme pour les menues dépenses journalières, jusqu’à ce que vous ayez besoin de faire usage de cette lettre.

— Monsieur, répondit la princesse, je vous rends mille grâces de ce service ; mais songez qu’il ne me convient pas de l’accepter sans que vous me prouviez la manière dont je puis vous rendre cet argent. Dans la situation où je suis avec mon mari, je ne veux ni ne puis vous rien assurer sur Dresde.

— Je n’ai nul besoin de cette sûreté, madame, répondit le délégué : l’argent dont je dispose en votre faveur, appartient au duc de Brunswick,