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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


contradictions me sont insupportables… Mais pressons-nous de sortir d’ici ; nous y sommes encore beaucoup trop près des lieux où nous avons couru tant de dangers. Ce que nous avons de mieux à faire est de préférer Francfort à Trèves et de gagner aussitôt cette première ville, puisque nous voilà sur la route qui y conduit. La grandeur de cette cité, les embarras de la foire qui s’y tient actuellement, tout favorisera nos personnes et nos déguisements ; et là, nous verrons ce que nous avons à faire et ce que les circonstances nous suggéreront.

Assez heureuses pour trouver dans l’auberge ou elles étaient une mauvaise carriole attelée d’un cheval et conduite par le maître du logis, elles y montèrent, et ce fut dans cet équipage qu’elles arrivèrent à Francfort, déjà célèbre à cette époque par l’étendue de son commerce et la richesse de ses habitants. La première chose qu’elles firent fut d’acheter des habits de leur sexe et de se reposer ensuite quelques jours.

Par un indéfinissable pressentiment, Adélaïde revenait sans cesse sur le compte des chevaliers qui lui avaient sauvé la vie, et la princesse passait subitement de son admiration au désir que, parmi ces braves réparateurs des torts, se fût trouvé l’objet chéri de son cœur. Mais n’apercevant rien