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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Cependant dès qu’Adélaïde put entretenir Bathilde :

— Mon enfant, lui dit-elle, je crains que vous n’ayez accepté trop légèrement les offres de cet homme. Ou je me trompe, ou il a été soldat en Saxe, et je me souviens à merveille d’avoir vu cette figure-là dans la citadelle de Torgau, pendant le séjour que j’y ai fait.

— Et moi aussi, madame.

— Eh bien, pourquoi acceptais-tu ses propositions ?

— Je n’étais pas encore bien sûre de mes idées, mais plus je l’observe, plus elles s’affermissent.

— Comment s’en défaire maintenant ?

— Cela est impossible ; il n’en deviendrait que plus à craindre, si vraiment il est dangereux. Au surplus, poursuivit Bathilde, je ne lui ai jamais vu faire de mauvaises actions ; rien n’empêche que ses offres ne soient fort naturelles, et comme il n’a sans doute d’autre but que la rétribution qu’il attend de ses services, tentons l’aventure. Il y aura du monde sur le chemin, et notre conducteur me paraît un brave homme.

Mais la fermeté de ces résolutions s’évanouit quand il fallut partir. Nos deux femmes s’effrayèrent également ; et quand l’homme reparut, Adélaïde lui déclara nettement qu’elle avait