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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


dans ce moment, crois-moi Bathilde, le parti le plus sûr est de s’éloigner de la Saxe ; laissons l’orage se calmer, nous reparaîtrons quand il en sera temps.

Ces résolutions prises, on retint la même voiture pour se rendre à Francfort, d’où l’on se dirigerait ensuite vers le pays qui paraîtrait le plus sûr.

Le premier jour, nos voyageuses couchèrent à Marbourg, au pied des montagnes qui séparent la Hesse de la Franconie. La difficulté de traverser ces montagnes le lendemain, dans un pays où il n’y avait point encore de routes, obligea la princesse et Bathilde de séjourner dans le mauvais gîte où le voiturier les avait descendues.

Un homme d’assez bonne mine les aborde l’une et l’autre pendant ce séjour.

— Mesdames, leur dit-il, vous allez sans doute demain à Francfort ? Je dois suivre cette même route : comme elle est difficile et que vous êtes seules, je vous demande la permission de vous escorter pour vous procurer tous les secours qui dépendront de moi, et qui pourront contribuer à la sûreté de votre marche.

Bathilde, jugeant les autres d’après la bonté de son âme et n’imaginant pas qu’on pût lui manquer, accepta sans balancer, au nom de sa maîtresse, les offres de l’inconnu.