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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


Frédéric pouvait commencer à vivre dans le parfait incognito qu’il s’était proposé ; mais occupé du seul objet de ses recherches, il n’y séjourna pas longtemps et prit de suite la route de Hambourg.

Il y eut un moment dans cette traversée où il se trouva fort près du chemin qui conduisait à Mersbourg, chef-lieu, comme nous l’avons dit, des possessions de l’ami qui l’accompagnait. Il proposa au comte de se détourner pour aller visiter son château ; mais celui-ci éluda fortement cette proposition, en assurant Frédéric qu’absent depuis très longtemps il était hors d’état de recevoir un aussi grand prince.

— Eh bien, dit Frédéric, allons voir du moins le champ de bataille où l’empereur Henri Ier battit les Hongrois il y a près d’un siècle.

Cette proposition étant faite de manière à ce qu’il devenait impossible au comte de la rejeter, nos voyageurs, guidés par les paysans qui s’offrirent à leur faire voir ce lieu célèbre, côtoyèrent assez longtemps les rives de la Saale. Ils observèrent avec attention tout ce que leur indiquaient les guides, lorsque les yeux du prince se portèrent sur deux femmes qui se promenaient le long de la rive opposée.

— Mon ami, dit Frédéric au comte en s’arrê-