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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


négligences impardonnables pèsent ici sur vous : celle de l’incendie du poste que je vous ai confié, et une autre bien plus importante pour moi : celle qui a donné lieu à l’évasion de la personne sacrée que j’avais mise en dépôt dans ce poste. Je pourrais également blâmer votre fille ; mais je veux bien n’attribuer son imprudence qu’à son dévouement pour ma femme. Quoi qu’il en soit, vous êtes-vous aperçu de quelque communication extérieure ?

— D’aucune, mon prince ; tout est ici l’ouvrage de l’incendie et de la facilité qu’elle offrit à l’évasion de la princesse.

— Monsieur, dit Frédéric, je ne puis m’empêcher de vous punir : je vous ôte le commandement de cette forteresse ; retournez au corps où vous étiez attaché ; je vais écrire pour qu’on vous y replace, mais je ne parlerai point des raisons qui m’obligent à sévir contre vous.

Le major se jeta aux pieds du souverain, mais sans rien obtenir : les malheurs qui résultaient de cette fuite étaient trop graves pour que le prince pût la pardonner à ceux que l’on pouvait soupçonner d’être en cause. Kreutzer quitta sa place, et le prince partit pour Leipzig. Dans cette ville libre pour lors et se gouvernant par ses propres lois sous la protection de la Saxe,