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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Je ne la reverrai plus, s’écria-t-il ; elle me fuit. Et comment, en effet, chercherait-elle à se rapprocher d’un homme dont elle doit se plaindre avec tant de raison ? Je ne puis plus être qu’un monstre à ses yeux ; je ne dois même plus désirer de la retrouver un jour ; je ne supporterais pas ses trop justes reproches. Oh ! combien je suis coupable dans cette malheureuse aventure !…

Le comte eut beau consoler son maître, tous ses efforts furent vains ; le prince lui ordonna même de se retirer et de l’abandonner à lui-même. Thuringe fut moins frappé de cette circonstance, Très alarmé de ce qui serait arrivé si Adélaïde fût revenue, il se mit à la raison sur ce qui, selon lui, garantissait au moins les jours de son amante. Il aurait seulement voulu que cette évasion eût été l’ouvrage de Mersbourg, d’après la certitude où il était qu’alors le comte lui aurait fait part du lieu choisi par Adélaïde. Puis, en réfléchissant bien, il aima tout autant que le choix de la retraite eût été fait par la princesse elle-même qui, sûrement, s’imaginait-il, lui apprendrait le lieu qu’elle habitait. Voilà comme l’amour trouve des motifs de consolation dans ce qui devrait l’alarmer le plus.

Frédéric ne fut pas longtemps à rappeler Mersbourg auprès de lui. Il l’envoya chercher.