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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


vous surprendre. Mais j’ai calmé les idées du prince, et je le crois maintenant bien revenu des craintes qu’il avait pu concevoir.

— En étais-je l’objet ? dit impétueusement le marquis.

— Non, ses soupçons étaient vagues ; ils n’étaient positivement dirigés sur personne.

— Et vous l’avez calmé ?

— Complètement. Vous pouvez être ce soir de la plus grande tranquillité ; mais soyez exact ; laissez surtout arriver Adélaïde la première. Les vigies signaleront six heures lorsqu’elle entrera dans le petit bois de la volière ; n’arrivez qu’un quart d’heure après ; elle vous expliquera les motifs de cette précaution ; il faut qu’elle soit nécessaire, car elle me l’a fortement recommandée.

Louis promit de se conformer à tout, lorsqu’un événement bien différent que celui qu’il attendait fit le plus grand bruit au château. Au moment où il se disposait à partir, la princesse vient d’être arrêtée et conduite dans une des tours de la citadelle de Torgau, ville située sur les bords de l’Elbe, à dix lieues de Leipzig. Aucun motif de cet acte de sévérité ne se divulgue encore ; aucune circonstance ne s’en publie : Frédéric se borne à dire aux seigneurs de sa cour que quelques raisons politiques l’ont contraint à une action