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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


vous parvinssiez à démêler ce qu’elle pense. Vous m’en feriez part, et j’établirai mes idées sur vos rapports.

— Ah ! prince, s’écria Mersbourg, pensez-vous au rôle dont Votre Altesse me charge ? Adélaïde me détestera, si jamais elle me découvre ! Car elle est innocente, ou elle est coupable : dans le premier cas, croyez-vous que des soupçons prouvés par mes démarches ne l’irritent pas ? Et, dans le second cas, me pardonnera-t-elle de découvrir et de vous révéler sa conduite ? Profitant alors de la faiblesse qu’elle reconnaîtra dans vous, elle finira par avoir raison, et je serai sacrifié pour avoir osé lui chercher des torts, qu’ils existent ou non.

— Ma protection ne vous garantit-elle pas de sa vengeance ?

— Non, Monseigneur : ardente à détruire en vous cette protection, rien dès lors ne me préservera de son courroux. Pour que je succombe plus vite, elle saura bien vous contraindre à m’abandonner, et je me trouverai tout à la fois l’objet du courroux de l’un et de la haine de l’autre.

— Rien de rassurant dans ce que vous me dites, mon cher comte : dans le premier cas que vous supposez, vous n’avez, dites-vous, à craindre,