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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


écrivons l’histoire, signifier à cet empereur de réformer sa cour, et de ne pas séjourner si longtemps dans leurs provinces, tandis que ses autres états réclamaient également sa sollicitude.

Frappé d’une telle audace, émanée cependant de la tête d’une femme, Henri invoquait les papes. Cette pusillanimité, qui devait bientôt le mettre aux genoux des successeurs de ceux qui régnaient au temps de sa jeunesse, lui réussit aussi mal dans ces premiers temps que dans ceux qui suivirent.

Nicolas II et Alexandre II lancèrent en vain les foudres du Vatican contre des guerriers qui, ne connaissant que leurs mœurs, méprisaient celles, bien plus douces, que leur présentait l’Évangile : Henri suppliait, les papes excommuniaient, et les Saxons combattaient ou se révoltaient pour toute réponse.

À l’exemple de ces peuples téméraires, Grégoire VII, loin de suivre celui des pontifes qui l’avait précédé, forgeait les chaînes sous lesquelles il voulait réduire l’autorité des souverains, et tâchait même déjà, avant son pontificat, de persuader Alexandre II à forcer Henri de comparaître à son tribunal. Mais cette époque de la sujétion des empereurs n’était pas encore arrivée ; d’autres désordres la précédaient, comme s’il existait dans les décrets de l’Éternel que les