Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
CORRESPONDANCE INÉDITE DU


et faites-la partir cachetée de votre scel, timbrée de votre ville, affranchie de votre argent et adressée de votre main. Sur ce, je prie Dieu, cher avocat, qu’il vous ait en sa sainte et digne garde ; ce lundi.


Le marquis pense à faire payer ses dettes par la présidente et a obtenu de l’abbé qu’il garde encore la petite fille. (Sans date).

En l’absence de madame qui est allée faire un petit voyage de trois jours je vous prie d’envoyer, monsieur,[1]

Vous voyez qu’il ne sait ce qu’il dit et que je suis de retour
six livres de pain
une pièce de lard
six livres de cassonnade

et surtout la gazette dernière que votre clerc annonça dans le paquet et qui bien certainement n’y a pas été mise. Travaillez, je vous conjure, à l’état des dettes. Perrottet vous remettra demain celui de la Coste.

M. l’abbé à consenti à garder encore la fille chez lui. Je vous embrasse de tout cœur.


Madame de Montreuil travaille activement à étouffer l’affaire de Lyon, malgré sa gravité, et déplore la situation où elle voit sa fille. « Ce 8 avril 1775 ».

J’ai reçu votre lettre, monsieur, et j’en attends la suite. Bien des fois en ma vie [j’ai été] trompée, injustement persécutée, trahie enfin. Le serai-je encore ? Je me fie à vous. Les papiers que vous m’avez fait passer sur les gens de Lyon sont bien faits, en bonne forme et me seront utiles pour servir de rempart aux suites de cette affaire, si l’on voulait, comme on s’est mis en devoir de le faire, revenir contre et porter plainte, ce que Berh a tenté. Je sais qu’on a éludé de la recevoir, et si on s’y obstine en s’adressant à d’autres (car vous savez combien de gens sont, par leurs charges, dans une juridiction, autorisés à recevoir des plaintes) je serai aussitôt avertie. Et ayant consulté ici, pièces en mains, je crois qu’on peut être tranquille sur ce point. Ce n’est pas le tout de dire, il faut prouver. On prétend à la vérité que les preuves existent sur le corps, les bras, et sont analogues aux dires des enfants. C’est sur quoi, de vous à moi, vous devez savoir à quoi vous en tenir car vous avez dû, en homme prudent, vous assurer de la vérité. Elle seule peut déterminer la manière dont on en doit user. Le dire est-il prouvé fondé ? Il faut adoucir au lieu d’aigrir en sévissant. N’est-ce que des fables ourdies d’après les anciennes histoires pour se faire payer le silence ? Il faut alors hautement faire tête à l’orage, et, le mensonge prouvé,

  1. Les quatres lignes suivantes sont de la marquise.