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MARQUIS DE SADE — 1774
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Sur ce, je vous embrasse, mon cher avocat, et prie Dieu qu’il vous ait (et moi aussi) en sa sainte et précieuse garde. Le livre ne se retrouve pas et vient d’exciter une altercation carteronique, et conséquemment gothonique, qui vise à de grandes suites car on veut son congé. Votre présence est encore ici nécessaire pour calmer tout cela……


Le marquis fait interdire une représentation scandaleuse à la Coste dans l’intérêt de l’ordre et de la morale. (Sans date).

……Le curé n’a point paru ; mais en revanche il est arrivé en cette ville une troupe de comédiens qui ont mis en tous les coins de la cité les affiches suivantes que j’ai cru devoir vous amuser, et que je vous envoie en raison de ce :

« Messieurs,

Vous êtes avertis que l’on donnera demain chez le sieur Philippe Granier une représentation du « Mari cocu, battu et content », comédie larmoyante en prose et en un acte de la composition des sieurs Malan et Testanière, auteurs modernes.

Les amateurs entreront sans payer, le spectacle sera terminé par « Le goujat corrigé », ballet-pantomime de la composition des mêmes auteurs, dans lequel le second remplira le premier rôle. »

Pour l’intelligence du texte, il faut que vous sachiez, ou vous savez déjà, que le nommé Malan a vigoureusement battu l’autre, pour le nommer : Philippe Granier ; quant au nommé Testanière, je n’ai pas besoin de vous dire comment il s’y prend pour remplir la seconde partie du drame ; c’est une chose assez connue.

De telles affiches m’ont paru scandaleuses, attentatoires aux libertés de l’Église et, en conséquence, j’ai fait défendre la pièce et ordonné que les susdites affiches soient lacérées es mains du valet de ville. Je vous salue.