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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


du pillage et conservés par vous, lesquels vous désiriez me rendre, si je vous fournissais une occasion sûre. Je vous remercie infiniment de cette attention et vous supplie de la mettre à exécution, ayant le plus grand désir de ravoir les papiers, et voici les moyens que je vous offre pour me les faire passer ; il faut, ou par occasion, ou par voiture, ou par la poste, si cela n’est pas trop volumineux, les adresser à M. Lenormand, marchand de bois, boulevard de l’Impératrice, no 101, à Versailles, département de Seine-et-Oise, avec la seule attention de prévenir ce monsieur, par une lettre d’avis huit jours à l’avance qui lui annonce un paquet pour moi contenant des baux à fermes et autres papiers terriers nécessaires à mes affaires, et que vous le priiez de me les faire passer tout de suite, après vous en avoir préalablement accusé la réception. Ne craignez pas les frais, j’ai trop d’envie de ravoir ces objets pour tenir à un écu de plus ou de moins, sans pourtant que ce désir véhément de ma part vous empêche de prendre la mesure la plus économique pourvu qu’elle soit la plus sûre. Placez surtout dans cet envoi, je vous prie, un manuscrit des mémoires de ma vie, très inexact et très informe, que j’ai vu dans les mains de votre fils cadet et qu’il ne voulut jamais me rendre. Je désavoue absolument ce manuscrit et je vous supplie de me le faire ravoir. Je vais maintenant répondre à une réflexion qui vous vient, sans doute, sur le retard que j’ai mis à vous faire la demande de ces papiers annoncés par Sambuc et que je sollicite de vous avec tant d’empressement aujourd’hui. J’attendais… j’étais moi-même entraîné par des circonstances qui ne me permettaient aucune semblable distraction. Le moment est venu, et j’allais vous écrire quand est arrivée votre très aimable lettre à madame Quesnet. Parlons-en donc. C’est bien tard, puisqu’elle est, à le bien prendre, le premier motif de celle-ci. Madame Quesnet vous écrit par la même occasion pour vous remercier de la très délicate attention que vous venez d’avoir pour elle. Recevez-en de même toute ma reconnaissance, je vous en supplie, à laquelle je joins les plus ardentes prières de mettre à cette affaire toute l’intelligence et toute l’activité dont vous êtes susceptible, afin de conserver au moins à cette honnête et précieuse amie les justes droits qu’elle a sur mes biens[1]. J’attends donc de vous cette grâce et n’en parle plus, parce que c’est à votre cœur que je viens de m’adresser, et que, quand votre mémoire est dans votre âme, rien ne peut être oublié par vous. J’ai d’ailleurs une autre demande à vous faire à ce sujet.

Vous n’avez sûrement pas vu sans surprise les excessives prétentions de madame de Sade. Je me souviens d’une note de vous excessivement intéressante sur ces ridicules prétentions-là et qui les rabattait sans réplique ; j’ai eu le malheur d’égarer ce papier, et je me trouve en ce moment-ci dans la circonstance de ma vie où j’en ai le plus impérieux besoin. Vous serait-il possible de me le renvoyer ? Quelle obligation je vous en aurais ! Tâchez de me rendre ce service, je vous en conjure ; je suis à la veille de terminer

  1. Gaufridy a dû écrire, comme notaire, à la dame Quesnet au sujet de l’inscription hypothécaire prise par elle sur les biens du marquis.