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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


M. de Sade n’hésitera pas à faire démolir le château de Mazan et à le vendre pierre à pierre.

Le salut ne peut venir que d’Arles. Mais alors que le marquis n’avait pu louer à ses conditions, le receveur des domaines l’a fait, lui, à d’autres qui sont désastreuses. Tel est l’effet de la confiance que M. de Sade a eue en Gaufridy. Il regrette Lions qui l’eût bien mieux servi. Malgré l’accueil qu’il a trouvé auprès de l’avocat pendant son séjour en Provence, le fils aîné du marquis est d’ailleurs le premier à dire que la nation n’aurait pas mis la main sur le mas de Cabanes si le régisseur de son père s’était rendu à Arles au moment opportun. Maintenant la détresse de M. de Sade est telle que, s’il ne reçoit point d’argent, il se verra forcé de se jeter dans les bras du comte et de tout lui abandonner pour une pension. C’est un malheur, mais l’avocat l’aura voulu, et il verra ce qui l’attend avec ce nouveau maître, « le plus grand égoïste et le plus grand embrouilleur qui ait jamais existé. »

Tout ceci est pour dire qu’il faut se rendre à Arles sans plus tarder, faire lever le séquestre, mettre la main sur la prochaine récolte et apaiser Lombard qui n’a pas été payé de son indemnité. Mais on ne fait rien de rien. François, qui a pris la place de Charles, déclaré impossible, n’a même pas trouvé le moyen d’envoyer au marquis quelques sols qu’il devait aller ramasser en Vaucluse.

Gaufridy ne va pas à Arles, où du reste il sait bien qu’il n’y a rien à faire, mais il a chargé ses parents d’Aix et un praticien de cette ville, le sieur Fabri, de poursuivre la levée du séquestre. Le directeur de l’enregistrement est bien d’avis que les Bouches-du-Rhône devraient imiter le Vaucluse, mais, en dépit de l’élection de nouveaux administrateurs, ou peut-être à cause d’elle, rien ne marche. Le citoyen Fabri est tantôt plein d’espoir et tantôt sans courage. Mais le régime de la douche écossaise ne vaut rien au marquis. Il pousse les hauts cris à chaque déconvenue nouvelle. Sa misère est extrême ; le spectacle de Versailles est fermé. Il veut rentrer à Saint-Ouen, où il aura du moins les choux de son jardin à se mettre sous la dent. Pas de pain, il le jure ! Quesnet travaille et pleure. Tout cela parce qu’un ami de cinquante ans se refuse à faire les quelques lieues qui le séparent d’Aix, où sa présence suffirait à tout arranger.

C’est en vain que M. de Sade, par un procédé dont il est coutumier, a mis Fabri en concurrence avec un de ses confrères, sans les prévenir qu’ils travaillent au même objet et pour un salaire qui ne sera payé