biens du faux émigré vont être mis sous séquestre. Les conséquences
de cette situation ne sont pas moins redoutables pour les lieutenants
de M. de Sade et, notamment, pour Gaufridy qui a un passé contre-révolutionnaire
et craint fort de se compromettre encore. Aussi le marquis
et Quesnet s’efforcent-ils de le rassurer en faisant à Paris les
démarches nécessaires, et ils pensent d’abord qu’elles seront suivies
d’un prompt effet puisque les Bouches-du-Rhône ont déjà ordonné la
radiation en mai 1793. Un ami s’est offert à les introduire auprès du
secrétaire du ministre de la police. « Sensible » (c’est le nom que M. de
Sade donne à sa compagne) ne peut croire que son bon ami Gaufridy
les abandonnera : elle pleure.
Le marquis a retrouvé sa malchance en rentrant à Paris. Lions aîné, qui a accepté de lui donner huit cents francs pour solde de tout compte, tire une lettre de change à son ordre ; elle est protestée à présentation et M. de Sade accuse Lions de friponnerie sans attendre de savoir s’il veut ou non faire honneur à sa promesse. Bonnefoy, non payé, réclame son argent avec une insolence comique. De nouveaux créanciers poursuivent en Provence. Les châteaux sont pleins de troupes. On a quelque peu pillé à Saumane et brûlé des tableaux.
M. de Sade, qui jusque-là n’en avait soufflé mot, est devenu propriétaire en Beauce du domaine de la Malmaison, celui-là même où il demandera, par testament, d’être inhumé, et de la ferme de Grandvilliers située dans le canton de Voves en Eure-et-Loir. Ce sont d’anciens biens d’émigrés, sur lesquels il est resté devoir plus de six mille livres. Les agents d’affaires de ses vendeurs, les terribles Resque et Paîra, veulent être payés. Or, un de ses fermiers est en pleine déconfiture et les impositions emportent tout. La saisie est imminente. C’est « l’urgence ». Toutes les lettres du marquis et de sa compagne sont pleines de cette urgence. Gaufridy laissera-t-il la bonne Sensible manger sa salade à l’huile d’œillette ? Malgré leurs soucis, les deux amants se rappellent avec émotion les heures passées en Provence. Sensible veut marier mademoiselle Benoîte.
Elle n’oublie pas, pour cela, ses propres affaires et le marquis veut ce qu’elle veut. Il envoie des titres à l’avocat pour qu’il fasse inscrire à Arles une prétendue créance hypothécaire de Quesnet et promet de payer les frais.
Le fils aîné de M. de Sade, « artiste, rue Saint-Nicolas-du-Louvre, Cloître Saint-Nicolas, no 222 », a, lui aussi, une créance contre son