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MARQUIS DE SADE — AN IV.
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de cet attachement. Vous m’assurez que non ; j’aime mieux vous croire à présent, mais il n’en est pas moins vrai qu’on me l’a dit……

Adieu, mon cher Charles. Pour Dieu, ne vous fâchez pas quand je me fâche, car, si nous nous fâchons tous deux, qui nous raccommodera ? Je veux avoir le droit de crier, de tempêter comme si l’on m’écorchait quand vous ne m’envoyez pas d’argent, et votre seule réponse à cela doit toujours être une lettre de change. Mille et mille choses à votre père. Je vois bien que vos lettres vont me priver des siennes ; je le prie pourtant que non ; je veux souvent être instruit par lui de sa santé et de ses affaires, et, quand j’aurai à vous gronder, c’est à lui à qui je porterai mes plaintes……


Copie de la lettre écrite par le citoyen Sade, de Paris, au citoyen Archias, d’Aix, pour le retard qu’il met à lui faire passer ses fonds. (21 messidor, an IV).

C’était avec la plus grande raison, citoyen, que je me plaignais à vous et que je me plains encore de ce qu’ayant reçu de Charles Gaufridy, le six prairial, quatre cents francs pour moi, vous n’ayez imaginé de me les faire passer que le trente, ce dont vous convenez vous-même dans votre lettre du douze messidor, que je reçois aujourd’hui dix-neuf. De quel droit, je vous prie, avez-vous gardé mon argent vingt-six jours ? S’il vous a rapporté de l’argent, vous me devez ces intérêts-là et je les demande.

Mais certes combien ne dois-je pas encore me surprendre plus du second procédé que vous me préparez, quand vous m’écrivez le douze pour me tranquilliser sur quatre cents francs reçus le huit messidor ! Il y a encore une fois douze jours que vous avez de l’argent à moi, et que, non seulement vous ne me l’envoyez pas, mais vous ne daignez pas même m’avertir que je vais recevoir, d’où il résulte que vous allez encore garder mon argent un mois, vous qui regorgez, pendant que moi je meurs de faim ; et voilà, citoyen, ce que j’appelle une collection de procédés très malhonnêtes à mon égard.

Preuve de ce que j’avance :

Extrait de la lettre du citoyen Gaufridy en date du premier messidor :

« En même temps que celle-ci, il part une lettre pour Marseille pour vous faire compter huit cents francs en écus. »

Comment se peut-il donc, citoyen, que le douze vous n’ayez pas encore entendu parler d’une somme de huit cents francs écus à vous remise le premier messidor, ou le deux au plus tard, et que, dans votre lettre du douze, vous ne me parliez pas de cette somme ? C’est que vous travaillez mon argent, n’est-ce pas, citoyen ? Eh bien ! Moi qui en ai besoin pour vivre, et non pour le travailler, je vous prie de ne me pas choisir pour votre vache à lait et de m’envoyer mon argent à la même minute et dans la même monnaie où il vous est compté, ce qui n’est pas arrivé la dernière fois où votre