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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


que je l’avais laissé très neuf et très bon, ne vaut maintenant plus rien par les cochonneries de la demoiselle Rousset, il est certain qu’il ne faut pas me l’envoyer ; et cela à ma grande surprise et à mon grand regret, je l’avoue, car je ne puis comprendre que la demoiselle Rousset, que j’avais laissée pénétrée du respect qu’il fallait avoir pour ce lit, ait été le choisir de préférence pour l’abîmer, tandis qu’elle en avait tant d’autres autour d’elle. Mais vous le dites, il faut que cela soit……


Le marquis revient à sa vieille habitude de mettre ses propres paroles dans la bouche d’autrui. (18 décembre 1790).

……Je vous prie de répondre à madame de Sade mot à mot ce que je vais ici vous dicter. Vous me désobligeriez sensiblement si vous mettiez un mot de plus ou un mot de moins.


Lettre de M. Gaufridy à madame de Sade :


Madame,

Depuis la réponse que j’ai eu l’honneur de vous faire relativement à vos demandes sur les ordres que monsieur de Sade pouvait avoir donné à votre égard, j’ai été plus instruit par lui et plus à même, par conséquent, de répondre à vos questions.

Les intentions de M. de Sade, consignées dans deux lettres consécutives que j’ai reçues de lui, portent, madame, qu’il lui a été proposé un arrangement pour vous fixer quatre mille livres de rente, arrangement auquel il avait consenti parce qu’on lui prouvait, par des états de biens, qu’il lui en restait dix, clairs et nets, mais que, venant de se convaincre que les états que l’on lui avait présentés sont faux, il regarde, et comme une séduction malhonnête (je me sers de ses expressions, madame), et comme non avenus, tous arrangements à lui proposés ou signés par lui sur des états faux, et qu’en conséquence il ne me permet de vous faire passer que l’excédent de dix mille livres de rente, en telle sorte que je dois, par ses ordres exprès et auxquels je ne puis manquer, madame, commencer sur les premiers revenus touchés par moi de ses fermiers par lui faire passer par chacun an la somme de dix mille livres, me laissant le maître dans tous les cas et dans tous les temps de vous faire passer le surplus ; monsieur de Sade disant, madame, qu’il lui est impossible, et de vivre à moins de cette somme de dix mille livres, et de se réduire à moins.

Peu de jours après avoir reçu cette première lettre, madame, M. de Sade m’en a écrit une seconde par laquelle il me défend absolument de vous faire passer cet excédent de dix mille livres de revenus jusqu’à ce que vous vous soyez acquittée envers lui de ce qui lui revient de la succession de madame sa mère. Si vous me permettez de vous donner un conseil sur cela, j’oserai, madame, vous donner celui de terminer promptement les affaires de cette succession avec M. votre mari, car, obligé d’exécuter ses