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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


ont plus souvent pour cause l’impuissance de l’état à assurer une bonne répartition des richesses que la misère générale.

M. de Sade, qui souffre encore un peu des yeux et continue à trop écrire, s’est fait envoyer douze bouteilles d’excellent vin cuit, du nougat blanc et des chinois, exquise confiture de son pays que l’on fait avec de petites oranges vertes. Il a prodigieusement grossi.




La marquise demande de l’argent pour ses frais d’auberge et pour ses fils, du vin cuit et du nougat pour son mari. (28 février 1787).

……Je voudrais savoir les charges de suite, ce qu’il y a de revenu libre. Cela m’est essentiel à savoir promptement pour deux articles : 1o pour faire passer environ cinq mille livres à Malte, et 2o pour dix-huit cents livres de dettes de M. le comte qui vient de manger cette somme au régiment pendant les trois ans, en sus de sa pension. La dette lui sera bien retenue pendant trois autres années, mais il faut en faire l’avance……

M. de Sade désire une douzaine de bouteilles d’excellent vin cuit et une boîte de nougat blanc. Il faudrait m’en envoyer, et pour compléter le poids, pour que cela puisse passer par les rouliers, augmentez en nougat et vin ce qu’il faudra pour que les rouliers puissent l’apporter et que cela coûte moins……


Madame de Montreuil explique à l’avocat pourquoi et comment on a décidé de pourvoir à l’administration des biens de M. de Sade. (30 mars 1787).

……Vous avez sûrement vu présentement le chevalier auprès de M. le commandeur qui, sûrement, vous aura fait savoir son arrivée ainsi que ma fille. Je désire fort qu’on soit content de mon élève, et lui particulièrement. Voilà ma tutelle finie avec son éducation, et je le remets sous la direction de M. son grand-oncle.

Quand on est à deux cents lieues, qu’on ne se connaît point, on s’entend difficilement. M. le bailli[1] de Sade l’a jugé ainsi lorsqu’il a eu le courage (car il en faut à son âge) de faire le voyage de Paris qui ne pouvait avoir d’autre objet, je crois, que le bien de sa famille. Il a dû établir plus

  1. Dignitaire de l’ordre de Malte. Chaque langue était divisée en grands prieurés, bailliages capitulaires et commanderies (commanderies magistrales, de justice ou de grâce). Le premier dignitaire de la langue était bailli conventuel, ou pilier de l’ordre, et recevait un titre propre. Le grand prieur de France avait celui de grand-hospitalier. Les huit baillis conventuels siégeaient au conseil, sous le grand-maître, avec quelques autres parmi lesquels les baillis de grâce.