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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


Testanière, curé de la Coste, veut faire mettre une de ses ouailles en prison, mais l’avocat en a emporté la clef. (7 juin 1786).

Monsieur,

Je viens d’être attaqué par un coquin dans ma maison et j’ai failli en être assassiné ; il est accouru du monde et ils ont empêché que ces actes n’allassent plus loin. Cet homme est du pays et il dit publiquement qu’il en veut à ma vie. Je l’aurais fait arrêter, mais le domestique du château m’a dit qu’il n’a point la clef de la prison et qu’il croit qu’elle se trouve entre vos mains. Dans cette persuasion, je m’adresse à vous avec confiance et vous prie de la remettre au garde pour que ce malheureux y soit déposé jusqu’à nouvel ordre. Cette précaution est absolument nécessaire parce que je ne puis sortir sans danger. Supposé que les cavaliers soient nécessaires, je les enverrai prendre. Il suffit pour le présent que nous ayons la clef de la prison.


La marquise annonce l’arrivée du commandeur à Paris. (13 juillet 1786).

……J’ai vu M. le commandeur qui est en bonne santé. Je craignais qu’une si longue route le fatigue à son âge, mais il est à merveille……


La marquise demande à Gaufridy s’il a en mains quelque pouvoir du marquis. (27 août 1786).

Je suis chargée, monsieur l’avocat, de vous faire une question où j’aurais pu répondre, et où j’ai répondu en partie : avez-vous quelque procuration de M. de Sade particulière et de quelle manière vous en a-t-il chargé ? La lettre qu’il vous a écrite de Lyon à sa fuite de Marais peut-elle être montrée et n’y a-t-il rien qui puisse choquer personne ?

N’avez-vous pas des lettres de lui qui indiquent cette intention ?

Répondez-moi à cela par une lettre qui puisse être montrée à tout le monde et faites-moi vos observations particulières sur un billet à part. L’on m’a chargée de vous dire de n’être pas inquiété de cette question……


La marquise ne paiera plus sur son revenu propre les grosses dépenses de M. de Sade ; elle avise l’avocat du départ du commandeur. (23 octobre 1786).

……Le commandeur est parti ; tout le monde l’a cajolé ici. Il a promis de revenir le printemps prochain ; il a donné à son neveu une croix de Malte……

À ma première lettre, je vous donnerai un état juste des sommes ici qu’il faut payer que j’ai toujours prises sur mon revenu. Mais, puisque les revenus sont libres, il serait juste que je ne me gêne plus. Marquez-moi