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MARQUIS DE SADE — 1786
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Le marquis a des douleurs dans les pieds : c’est la goutte prétend un médecin ; ce sont des rhumatismes assure son confrère. Toutes les vraisemblances sont pour la goutte car le captif consacre beaucoup d’argent à ses satisfactions de gueule. Madame de Sade va le voir tous les quinze jours, mais elle se refuse désormais à payer sur ses propres deniers les traites que son mari tire sur elle. Elle les fera porter en compte puisqu’il existe maintenant des fonds libres. Il y a quelque chose de changé.

Gaufridy a perdu un de ses enfants et la marquise lui envoie, à cette occasion, un compliment d’une ligne dans une lettre d’affaires.




La marquise écrit à madame de Villeneuve pour excuser son petit chevalier d’avoir passé par Avignon sans aller voir ses tantes et ses cousines. (25 janvier 1786).

……Ce n’est ni la faute de mon petit chevalier ni la mienne, s’il n’a pas rendu ses devoirs à sa famille en passant par Avignon. Voici comme la chose s’est passée : il était en garnison à Joigny, sous mon frère qui est major. Comptant l’envoyer à Carcassonne rejoindre le régiment de chasseurs où il venait d’avoir une sous-lieutenance, je comptais le faire partir par une personne qui vous l’aurait mené. C’était mon intention. Dans l’intervalle, mon frère a trouvé un officier du régiment qui allait rejoindre, et il fallait qu’il fût à jour nommé au régiment. En conséquence, il partit sur le champ et [ne] fit que coucher à Avignon, partant de grand matin. Le petit m’écrivit qu’il avait demandé si son oncle y était et que l’on lui avait dit qu’il était à sa commanderie. Je ne l’avais pu prévenir qu’il y trouverait des tantes et cousines, parce que je comptais que mon frère, d’après ce qu’il m’avait écrit, attendrait mon occasion. Depuis, il est parti de Carcassonne pour aller du côté de la Suisse, à Huningue, et n’a pas passé par Avignon.

Dès qu’il pourra quitter sa garnison, je serai très empressée de l’envoyer cultiver ses parents et leur demander leur amitié. L’aîné est depuis du temps à Lorient et n’a point voyagé ; il n’a certainement pas passé par Avignon……