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1786


Année vide, mais affairée. Les lettres ne parlent guère que des soins à donner aux bâtiments et aux terres, du paiement des dettes, des charges à pourvoir, des réparations à faire aux chapelles, notamment à Mazan et à Avignon, où se trouve la sépulture de la famille, des intérêts en litige entre le marquis et la tante Villeneuve, des deux lots de vaisselle plate qui sont entre ses mains et dans celles du commandeur. L’assaut pour les reprendre continue et donne lieu à toutes sortes de manœuvres. Il semble, par ailleurs, que l’argenterie non remise au commandeur, et que mademoiselle de Rousset accusait Gaufridy d’avoir conservée, se trouve tout simplement à la Coste.

Madame de Villeneuve s’est mis en tête d’avoir un logement à Carpentras et de le garnir avec les meubles, dépendant de la succession de l’abbé, qui se trouvent à la Vignherme. Cette idée lui paraît aussi simple qu’avantageuse, mais il est difficile de lui donner satisfaction sans s’engager envers les créanciers et plus difficile encore de la lui refuser. Elle écrit des lettres qui n’ont point de raison et madame de Sade se retranche en vain derrière l’insuffisance de ses pouvoirs. Elle abonde en excuses, mais cède un peu trop à la tentation de rejeter sur autrui la responsabilité de son refus. C’est, en définitive, Gaufridy qui essuie les colères de la vieille dame, sensible à tous les procédés, bons ou mauvais, à l’exception de ceux dont elle use. Comme toutes les choses de ce temps la discussion traîne heureusement en longueur : chacun tire sur la quenouille au lieu de filer et, lorsqu’il n’y reste qu’un peu de bourre, on l’abandonne et on l’oublie.

Le commandeur part pour Paris et va donner tout droit dans la trame de la présidente. On l’attaque sur l’administration des biens ; on prend ou l’on affecte de prendre pour une initiative heureuse l’acquiescement ennuyé qu’il donne aux propositions qu’on lui fait. Il finit