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CORRESPONDANCE INÉDITE DU

Mes enfants se conduisent bien, mais ils font de petites dettes. L’aîné à peu près quatre cents livres, le cadet autant, disant qu’il ne devait que trois louis. Si cela continuait, il faudrait bien y mettre ordre, mais il faut payer. Le pauvre la Jeunesse est mort après une maladie de six semaines. L’on a projet de se ranger, et toujours des surcroîts de dépenses qui gênent. Ma mère me demande toujours cet argent pour lequel je vous ai écrit. Je lui ai répondu qu’elle recevra bientôt parce que, vous ayant écrit positivement, vous ne deviez pas tarder à lui envoyer au moins tout de suite douze cents livres. Je ne sais où je prendrai les quatre cents livres du chevalier ; enfin, nous verrons si je peux les prendre sur moi.

Mais j’ai bien besoin d’argent. La maladie de la Jeunesse m’a beaucoup coûté et j’en dois encore beaucoup, sans avoir pu le sauver. Malgré ses défauts, je l’ai bien regretté car il était attaché. Je n’ai pu encore me déterminer à le remplacer, et ce ne me sera pas une chose facile. Il a fini avec toute sa connaissance et dans de bons sentiments de religion……

Par ici, c’est énorme ce qu’il meurt de monde ; plus de seize mille âmes depuis le premier janvier et il n’y paraît pas. Ce 24 mai 1785.


La marquise a dû faire payer les dettes du chevalier à l’occasion de son changement de corps. (29 mai 1785).

……M. Reinaud vous dira les raisons qui sont cause que j’ai été forcée à lever une lettre de change de douze cents livres. Ces douze cents livres, c’est à imputer sur ce que vous devez faire passer à ma mère pour mes enfants. Quand l’on change de corps, il faut payer tout ce que l’on doit et, mon frère étant major, je dois par délicatesse ne le pas laisser dans l’embarras et que l’on puisse croire qu’il paie les dettes de son neveu sur la caisse du régiment. Cela m’a déterminée à prier M. Reinaud de lui remettre en passant ces douze cents livres. Si la Jeunesse avait des affaires à la Coste, il faudra m’en faire l’état, et je verrai comment on pourra les faire passer à ses enfants……


La marquise est malade et sa fille est une grande paresseuse. (16 juin 1785).

……Je suis malade ; je n’ai plus le pauvre la Jeunesse pour écrire ; ma fille est une grande paresseuse qui ne sait pas écrire. Depuis que je l’ai avec moi j’en suis plus contente, mais il faut bien du temps pour la former ; elle n’a pas de dispositions naturelles……

C’est la même maladie qu’il y a trois ans. J’espère que je ne souffrirai pas tant. Je prends les bains d’aujourd’hui. Je termine ici pour ne pas trop me fatiguer……