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Les souhaits de nouvel an de madame de Sade sont toujours les mêmes et sont toujours déçus. Elle ne s’aperçoit même pas que ce n’est nullement pour celui à qui elle écrit qu’elle les forme.

Elle se préoccupe fort des nouvelles de la Coste où le viguier prétend que les protestants se sont emparés de la plupart des places et vexent les catholiques au point de les réduire à l’aumône. N’y a-t-il point de lois pour empêcher de pareils abus ?

Il faudra six mille livres pour l’équipement du comte et du chevalier si, comme on le murmure, il y a guerre. Hormis ce cas, ils ne coûteront plus rien : ils vont à petit équipage, n’ont pas de domestique et voyagent par les voitures publiques. Le chevalier est à Lorient. Le commandeur a daigné répondre aux vœux que ses petits-neveux lui ont fait parvenir. Il se déclare prêt à reconnaître que l’argenterie qu’on lui a remise n’est pas sa propriété. Pour celle de feu l’abbé, madame de Villeneuve la tient sous clef, mais jure qu’à sa mort elle sera rendue à son neveu en y ajoutant toute la vaisselle qui se trouvera dans la maison. Il faudrait un billet qui le reconnût car la tante a des filles qui n’entendront point cela.

L’affaire du greffe et du notariat de Saumane traîne en longueur. Le vice-légat a pourvu aux deux emplois, mais son choix est détestable et l’on espère faire rapporter le décret. Ripert les demande pour son fils qui les partagerait avec un praticien plus expérimenté. Madame de Villeneuve a pris sa cause en mains et appuie furieusement son candidat qui ne plaît guère à la marquise. Elle doute de son savoir : « S’il ressemble à son père, c’est un bon enfant, et voilà tout. » Mais les objections qu’on fait à la tante n’ont pas prise sur elle et le ton qu’elle prend pour répondre : « Faites ce que vous voudrez », équivaut à dire, selon la marquise : « Faites ce que je veux. » Ripert n’écrit plus guère à