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MARQUIS DE SADE — 1782
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Mademoiselle de Rousset n’ose point coucher au château où la tempête menace de tout démolir.

Je crois que ne coucherai pas au château ce soir, monsieur l’avocat. Tous les habitants pourraient bien suivre mon exemple. Il fait une tempête épouvantable ; l’éboulement augmente à tous les quarts d’heure ; des tuiles, du plâtras qui tombent avec carillon augmentent ma frayeur. Je ne vois que crevasses dans tous les coins. Je voudrais que vous vinssiez passer seulement deux heures ici avant votre départ pour Arles. Cela me tranquilliserait beaucoup……


La marquise compte sur la bonne entente de mademoiselle de Rousset et de l’avocat pour mettre un terme au mal que Gothon a laissé faire. (8 octobre 1782).

Mademoiselle de Rousset, monsieur l’avocat, vient de me marquer le désastre arrivé au château de la Coste : les plafonds, poutres à bas, vers dans les lits, etc. L’argent donné à Gothon en vérité était bien mal employé, [il] faut en convenir, et la confiance en cette fille bien mal placée. Si vous l’aviez crue capable de cela, vous auriez eu l’œil pour le lui faire faire comme il faut ; au passé il n’y a plus rien à dire.

Mais pour le présent, je suis tranquille, parce que vous et mademoiselle de Rousset empêcherez de pareils inconvénients et que je suis bien sûre que vous vous entendez avec elle et vous entendrez pour le bien, de sorte que vos avis, je l’ai déjà remarqué, sont toujours les mêmes……

Il faut visiter le château et faire étayer ce qui menace pour la sûreté, empêcher l’eau de tomber, les couvertures, etc. ; cela va sans dire. D’ailleurs, je prie mademoiselle de Rousset de vouloir bien vous dire ce qu’il y aura à faire faire parce que, sur les lieux, elle voit cela de plus près que vous, et je ne doute pas qu’elle ne le fasse souvent car elle est bien aise, la chère demoiselle, de vous attirer à la Coste. Son faible pour vous ne diminue pas et, si elle osait, elle se plaindrait de ce que vous n’y venez pas assez souvent……


La marquise répond à un avis de mademoiselle de Rousset qu’elle n’ignorait pas que l’on avait fouillé dans le bureau de M. de Sade. (11 octobre 1782).

Puisqu’il y a du tripotage dans le bureau, comme je m’en suis convaincue pour autre chose qui ne vous regarde pas, il faut choisir un autre endroit et me l’indiquer pour faire passer les choses essentielles. J’ai donc pris le parti d’écrire à G. que toutes mes lettres, il les mît dans un tiroir fermant à clef et ne les montrât à qui que ce soit, et ne lui en ai pas marqué la raison pour être plus sûre d’un secret que je dois garder……

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