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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


Le marquis sort de sa torpeur et fait prendre, du fond de sa geôle, des mesures de police au garde de la Coste.

Il est ordonné à Cavalier, garde du château de la Coste, d’aller dès l’instant de la réception de cet écrit porter plainte chez le juge d’Apt des menaces à lui faites par le nommé Joseph Sambuc, bourgeois du dit lieu de la Coste et de requérir l’autorité du dit juge pour qu’il lui soit fourni, selon l’usage, une escorte de cavaliers de maréchaussée, avec laquelle il s’embarquera pour saisir et appréhender au corps le dit Joseph Sambuc sitôt qu’il le verra paraître armé sur les terres seigneuriales de la Coste ; faire ensuite traduire par la dite escorte le dit délinquant, contre lequel Cavalier formera sa plainte, et comme braconnier, et comme ayant failli sur le port d’armes aux ordonnances du roi. Indépendamment des profits qui peuvent revenir sur la dite capture au sieur Cavalier garde-chasse, j’enjoins par les présentes à M. Gaufridy, mon agent, de donner dix écus de gratification à Cavalier, sitôt qu’il aura fait capturer le délinquant, pour récompense ; et voulant que le dit Cavalier soit également encouragé par la récompense que contenu par la crainte d’une punition, j’enjoins également par les présentes à M. Gaufridy de destituer et renvoyer du château le garde Cavalier si, d’ici à trois mois, à compter du jour où lui auront été remises les présentes, il n’a pas soutenu les droits de son seigneur et l’honneur de son poste en se vengeant, ainsi que lui permettent les loix, des menaces et insultes à lui faites par ce mauvais sujet nommé Joseph Sambuc que je vais m’occuper de mon côté à faire exiler et chasser de ma terre, comme un perturbateur du repos public.

Le marquis de Sade.

Fait à Paris, ce dix-sept avril 1782.


Mademoiselle de Rousset appelle l’avocat à la rescousse contre les vers et les teignes de son lit. (14 mai 1782).

……Je voudrais que vous vinssiez faire un petit voyage…… Nous arrangerions en même temps le linge que nous avons laissé éparpillé dans cette chambre où nous le mîmes ; ce petit air de désordre n’est pas bien…… J’ai quelques petits projets pour cette chambre, car pour celle où le garde s’est amusé, ou, pour mieux vous le faire entendre, ma chambre, je n’y coucherai du tout plus. Outre les idées peu chastes qu’elle pourrait me communiquer, j’en ai deux autres moins plaisantes qui me feraient trop craindre au premier coup de vent. Bontemps a décidé que tout ce côté de mur ne valait rien. Le lit de plume de ce même lit est plein de vers ou de teignes si singuliers que je n’en ai jamais vu de cette espèce ; ils sont plus longs que la moitié de mon doigt et minces comme un gros fil à coudre……