Page:Sade, Bourdin - Correspondance inédite du marquis de Sade, 1929.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
120
CORRESPONDANCE INÉDITE DU

À propos, qu’a répondu M. de Gallisane à l’envoi que vous lui avez fait de ma lettre ? Je compte asseoir une opinion plus probable à votre retour d’Aix et ne doute pas que vous n’apportiez de cette ville tout ce qu’il faudra pour me rassurer et remettre un peu plus de calme dans mon âme……


M. de Sade est avisé qu’on doit venir l’arrêter et persiste à ne pas y croire. (Sans date).

Pressez le plus possible l’ouvrage, je vous en conjure, car de nouveaux avis de la même personne nous assurent qu’il y aura encore une expédition au château ; il est donc essentiel de se mettre à couvert. Engagez Blancard, et vous également de votre côté, dans votre voyage d’Aix, faites l’impossible pour découvrir la vérité du tout. A-t-on envie ou non de faire la capture ? Pour moi, je persiste à croire que non. Je vous embrasse.


Madame de Montreuil renvoie sans l’ouvrir une lettre à sa fille et refuse de lui permettre d’aller rejoindre son mari. (13 août 1778).

Je retrouve sur mon bureau, madame, la lettre que je vous renvoie. Il était inutile de l’y laisser. Vous avez dû penser que si j’avais pu me laisser vaincre pour l’ouvrir, ç’aurait été dans le moment où vous étiez à mes genoux, et non ensuite par un effet de curiosité, mon refus étant très de sang froid et raisonné. M. de S. m’en a adressé une par la poste que j’ai ouverte et lue. Le style ne me fait pas désirer d’en recevoir d’autres et je n’en recevrai certainement pas. S’il en arrive, elles seront gardées ou renvoyées sans être ouvertes. Je vous l’ai dit, j’en ai prévenu M. Gaufridy le dernier courrier : je me dois cette conduite, je la dois au ministre, au public, à M. de Sade même. Me convient-il, lorsque M. de S. se soustrait aux ordres du roi, d’être en correspondance avec lui et soupçonnée de l’avoir favorisé ? Je m’interdirais par là tout moyen de venir encore à son secours et au vôtre s’il en était besoin au cas de malheur. Dieu veuille que le cas n’arrive pas ! Au public ? Ma facile indulgence, dont on a été trop souvent imbu jusqu’ici, par une crédulité favorable aux résolutions apparentes de M. de Sade et à vos prières, m’a rendu responsable, aux yeux de l’univers et de la famille, des malheurs qui s’en sont ensuivis. Je le serais encore plus désormais. Ce ne pouvait donc être que dans une conduite irréprochable et soutenue que je pouvais trouver une excuse pour élever la voix en sa faveur et vous seconder pour solliciter la levée de l’ordre. Mais ce n’est pas au moment où on vient de l’enfreindre, et où rien n’a pu exciter encore à la confiance, après tant de récidives ! À moi-même ? Cela n’a pas besoin d’explication après tous ses procédés, injures, insultes, etc… À lui-même ? Je ne veux être ni sa dupe ni sa confidente. Qu’est-il résulté de m’avoir instruit de son arrivée à Paris, il y a dix-huit