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MARQUIS DE SADE — 1777
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disait qu’on vous ferait revoir ou retrouver à Mar.ll.. ? Elle n’était pas comprise dans les autres qu’on m’avait détaillées. Il faut que je sache tout pour tout parer.


Madame de Sade fait de nouvelles plaintes de la présidente. (9 mai 1777).

……Tout est toujours au même état ; on ne finit rien, c’est des longueurs qui me désespèrent, mais c’est bien égal à madame de Montreuil. Elle a une patience d’ange, et, pourvu qu’elle contemple sa belle dulcinée[1], elle est satisfaite. Une fois sortie de ses pattes j’aimerais mieux labourer la terre que d’y retomber. Elle ôte tout le mérite des services qu’elle rend par les vexations dont elle les accompagne……


La marquise parle de ses enfants. (2 juin 1777).

……Mon petit chevalier est beaucoup mieux en ce que la fièvre tierce diminue, mais il n’est pas encore guéri. Cela le change un peu. Si il continue, du caractère dont il est, ce sera un commandeur fort sensé qui n’agira que par poids et par mesure.

L’aîné est fluet ; il se porte bien, mais il est d’une vivacité et d’une pétulance dont rien n’approche.

Ma fille se porte bien. Elle m’assure politiquement qu’elle est bien aise de me voir, mais je vous assure qu’elle aime infiniment mieux les religieuses que moi. Nous avons cependant fait ample connaissance pendant deux jours, chose que l’on m’a fait valoir comme une grâce. Prudemment je n’ai rien dit à tout cela, mais je verrai par la suite à changer tout cela……


Madame de Montreuil écrit une lettre mystérieuse sur les découvertes compromettantes qui ont été faites à la Coste. « Ce 3 juin 1777 ».

J’ai reçu, monsieur, votre lettre du vingt-trois. Dans la chose dont il s’agit, nous ne pouvons admettre de tiers, même de confiance, autre qu’entre vous et moi. Ainsi nous ne pouvons prendre conseil que de nos bonnes intentions respectives.

Je me suis précautionnée ici, depuis les avis d’Arles et surtout depuis le vôtre, pour retarder la sortie de N. par différents motifs qui ne dévoilent pas le véritable. D’après vos anciens avis je croyais qu’il ne s’agissait que d’un objet ; deux, c’est pis encore. Savez-vous précisément quels étaient ces objets, d’où venant, et comment ? Vous sentez que cela m’est essentiel à savoir pour parer à ce qui pourrait survenir sur ces objets. Dès que vous êtes sûr qu’on ne peut espérer de les retrouver en activité, il faut, sans contredit et sans délai, anéantir cent pieds sous terre toute trace et tout ce

  1. Sans doute une des sœurs de la marquise et, vraisemblablement, mademoiselle de Launay.