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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


alors il faudrait que je vous envoie boucher, boulanger, domestique, etc…… Je n’ai pas le sol et il s’en faut de mille écus que je n’aie, avec tout ce que je peux attendre, de quoi passer mon hiver ; vous ferez donc, monsieur, ce qu’il vous plaira ; vous garderez ce qu’il vous semblera bon ; le plus possible si vous consultez le désir que j’ai de reconnaître vos avances et vos honnêtetés ; le moins possible si vous consultez ma bourse et mes besoins…… Cette petite fille de Vienne m’inquiète encore. Il est bien singulier qu’elle soit partie de Saumane et de Mazan avec pareils sentiments ; cela suffit à me faire connaître ceux des personnes entre les mains desquelles elle était. Il faut en écrire sur le champ à ma mère. Vous m’obligerez de votre côté de prendre à Vienne les informations que vous m’aviez dit pouvoir prendre de vos connaissances en ce pays pour éclaircir l’état de cette déposition.


Le marquis est piqué que l’argent de la présidente n’ait pas été pour lui. (Sans date).

Je vous prie, monsieur, d’être très persuadé que, lorsque je vous ai demandé l’argent d’Aix, je n’avais nul soupçon que madame l’apporterait ; elle m’a fort étonné quand elle l’a apporté. En vous demandant le surplus des douze cents livres de Paris, je n’ai pas cru non plus faire quelque chose de déplacé, puisque madame de Montreuil dit positivement dans sa lettre : à charge d’en rendre compte. Lui dire que vous me l’avez fourni est en rendre compte. Il me semble, au reste, que vous avez beaucoup plus d’envie d’être bien avec elle que de m’être utile. C’est tout simple ; c’est le système à la mode ; il faut le suivre, et je m’en plaindrai d’autant moins que je m’y étais attendu.

Il est inutile, monsieur, de légitimer vos refus par le tableau de vos affaires personnelles. Vous n’êtes nullement tenu à m’obliger. Quelque cruelle que soit ma position, qu’importe, pourvu que vos engagements se remplissent ! Le procédé généreux qui portait autrefois à se gêner soi-même pour obliger un ami malheureux est une vieille folie que l’égoïsme a détruit. Je n’exige donc rien, monsieur, que de vous savoir bien portant et d’apprendre quelquefois de vos nouvelles et si les fonds achetés l’été dernier, et payés justement aujourd’hui, auront prospéré entre vos mains. C’est dans ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime possible, votre très obéissant serviteur.

De Sade.

Je ne vous conseille pas de vous déranger de votre foire, je ne serai pas en état de vous dédommager de la perte que cette absence vous occasionnerait, et d’ailleurs, en vérité, l’événement n’en vaut pas la peine.


M. de Sade raconte l’attentat de Treillet. (Sans date).

Il vient d’arriver ici, mon cher avocat, une aventure affreuse, qui a