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MARQUIS DE SADE — 1776
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Le marquis a repris ses lectures. (Sans date).

Vous voudrez bien, monsieur, retenir un louis pour les livres que vous avez bien voulu m’envoyer de votre catalogue et porter le reste sur le compte qui, je crois, n’excèdera guère que de quarante sols, estimant l’histoire de l’Église, que je garde, dix livres……

Je renvoie le joli Virgile. Vous en serez étonné, mais, comme mon libraire de Grenoble m’en a fait passer un latin-français pour six livres et qui remplit également (et même mieux) mon objet, j’ai jugé à propos (quoique à regret car cette édition est délicieuse) de ne pas faire cette double dépense. Il est vraisemblable que vous le garderez. M. Reinaud nous oublie ; mandez-moi quand vous l’attendez à peu près.

La lettre pour la présidente était (il me semble) d’un ton fort honnête et nullement tranchant ; vous ne pouvez l’avoir adouci qu’en diminuant la force de pensée et conséquemment la vérité et la violence de nos maux……

Voilà un livre que je vous prie d’envoyer chez votre relieur, soit pour le redresser s’il est possible, soit pour le relier à neuf si sa restauration est impossible ; mais alors, comme ce livre a une suite, il faut qu’il se conforme parfaitement à la couverture et fasse absolument semblable.


Madame de Montreuil envoie douze cents livres à l’avocat pour les besoins de sa fille qui manque de subsistance. (Paris, le 19 novembre 1776).

Le danger où madame de Sade me paraît être, monsieur, suivant ce qu’elle me dit, de manquer de subsistance pour elle et pour les personnes qui suivent le même sort, m’engage à vous adresser une rescription de douze cents livres, laquelle sera uniquement employée, je vous prie, à cet objet, ou pour celles que vous lui envoyez d’Apt ou à acquitter celles qu’elle peut prendre plus à portée d’elle. Vous m’en accuserez la réception et la porterez en compensation des comptes de cette même subsistance que vous lui rendrez. Elle prétend manquer de bois, de vitres à sa chambre. Je vous prie de pourvoir à cela…… Je lui marque seulement que je m’entendrai avec vous pour pourvoir à ses besoins et subsistance……


La marquise est mécontente du détour que sa mère a pris pour lui venir en aide. Elle s’inquiète encore de ce qu’a pu faire la petite qui s’est enfuie de Mazan. (27 novembre 1776).

Le texte de ma mère me paraît embarrassant, monsieur ; car, selon quelques phrases, cet argent est tout entier pour ma subsistance, selon d’autres, c’est à vous à y pourvoir et à me faire passer la somme en subsistance. Ce sont de ces arrangements biscornus d’elle qui n’ont pas le sens commun et auxquels il serait fort embrouillant pour vous d’acquiescer, car