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CORRESPONDANCE INÉDITE DU


compromettre, Blancard peut lui dire qu’il est chargé, de la part de madame, de ne pas l’y souffrir. Ce mot fera le plus grand effet et je supplie instamment Blancard de le lui dire……


M. de Sade entretient l’avocat de la plainte que la mère de son jeune secrétaire vient, à son tour, de former. (Sans date).

……Que dites-vous de tout ce nouveau train ? Cette mère du jeune secrétaire qui ne demandait nullement son enfant, qui, par toutes ses lettres même, lui recommandait de s’attacher à moi et de me bien servir, arrive maintenant sans prévenir faire un carillon du diable à Aix. Il est clair qu’on y travaille sourdement contre moi et qu’on ne veut éclater que lorsque tout sera bien en règle. On veut cet enfant de plus pour lui faire déclarer sans doute de nouvelles impostures. Cette conduite du procureur du roi de Lyon est bien extraordinaire. Ils ont endormi, aveuglé ma belle-mère et ils la trompent. Nous l’avertissons par celle-ci et lui donnons décidément l’alarme sur ces nouvelles manœuvres qui réellement paraissent inquiétantes. Mandez-moi, je vous en conjure, ce que vous en pensez.

M. de Castillon s’est conduit dans ceci avec une prudence et une envie de servir qui mérite à jamais notre reconnaissance. Ah ! grands dieux ! si nous eussions encore eu les imbéciles du temps passé c’était une affaire à faire tirer à quatre chevaux… au moins ! Ce magistrat me paraît bien sage, bien honnête et bien raisonnable. Enfin madame est partie pour aller elle-même remettre l’enfant entre ses mains et le ramener si elle veut, attendu que nous avons calculé qu’il fallait ôter les armes à ces gens-là le plus possible……


Madame de Montreuil communique à Gaufridy la lettre où le ministre lui annonce l’envoi d’une lettre de cachet pour Nanon. (À Paris, le 6 juillet).

Voici une lettre, monsieur, qui, à la suite de ma dernière, vous instruira suffisamment. Je vous la fais passer afin que, si on ne juge pas la maison d’Arles assez sûre et convenable pour parer aux inconvénients, voyant par cette lettre qu’on ne la choisit que comme ayant été indiquée, on pourra prendre sur soi ce qui sera à propos et sûr par là de n’être pas désapprouvé du ministre dont, au surplus, je pense que les ordres portent tout ce qui convient : humanité, mais secret et sûreté……

Dieu veuille sur le tout conduire la barque à bon port car l’affaire d’Aix va se mettre en train !……


Lettre du ministre à madame de Montreuil à Versailles, le 5 juillet 1775.

Je viens, madame, d’expédier les ordres du roi nécessaires pour faire enfermer la nommée Nanon Sablonnière à la maison de force d’Arles, que