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LA MÈRE DE DIEU.

Sukalou. Ils lui tombèrent sus avec des verges, des bâtons, des fouets et des cannes. Ceux qui regardaient de loin le criblaient de boules de neige et de pierres aiguës.

« Je ne le ferai plus, gémissait-il. Aie pitié, Mardona. Grâce ! reine des anges ! Ne me tue pas, tour d’ivoire !

— Dieu t’est-il réellement apparu ? demanda Mardona, très digne.

— Non ! non ! non ! »

Lorsque Sukalou fut remis en liberté, il se traîna aux pieds de la Mère de Dieu, pressa ses lèvres sur les bottes de cette dernière et poussa de longs gémissements, comme un chien qui a reçu le fouet. Mardona sourit d’un air satisfait.

Turib, cependant, venait d’atteler à un traîneau trois petits chevaux pétulants. Il conduisit l’attelage devant la demeure de ses parents. Ceux-ci en sortirent, baisèrent les mains de la Mère de Dieu et montèrent en traîneau. Anuschka s’assit près d’eux en hésitant. Quant à Jehorig, il refusa de s’en aller, au premier abord. Mais Mardona le lui ordonna. Il obéit enfin, comme les autres. Turib s’était établi sur le siège.

« Vous vous rendrez chez notre oncle, sur l’autre rive du Dniester, dit Mardona, son beau visage empreint soudain d’une expression triste, et vous ne reviendrez pas ici avant trois jours.

— Que vas-tu faire ? demanda Turib d’un air sombre.

— Je suis seule responsable de mes actes, répliqua