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LA MÈRE DE DIEU.

fenêtre, qui attenait à sa chambre, et en referma la porte. Là encore il y avait une petite lampe. Sa lueur faible vacillait, prêtant au visage calme de Mardona quelque chose de fantastique.

« Que vas-tu faire de moi ? commença Sabadil.

— Tu le vois. Je veux t’attacher.

— Et après ?

— Pourquoi me questionnes-tu ? Je ferai de toi ce que bon me semblera. »

Elle lui lia les mains et les pieds et le jeta à genoux. Il se laissa faire sans résistance et attendit curieusement. Maintenant Mardona ouvrit la porte, et Nimfodora entra, baissant la tête. Sabadil frémit. Mardona remarqua ce frisson. Elle rejeta la tête en arrière d’un geste fier et sourit ironiquement. Nimfodora s’agenouilla devant la Mère de Dieu et lui embrassa les pieds humblement. Elle releva Nimfodora qui tremblait, et la baisa à deux reprises sur ses lèvres pâles.

Le cœur de Sabadil battait à se rompre. Il défaillait, envahi par la confusion et par la honte. D’un mouvement brusque il essaya de rompre ses liens. Effort inutile. Les cordes pénétrèrent plus profondément encore dans ses chairs, le déchirant cruellement. Alors il laissa retomber sa tête sur sa poitrine, il se rendit, il n’était plus libre. Il s’était livré au pouvoir de Mardona. Et elle ne s’inquiétait pas de ce qu’il souffrait.

« Où passeras-tu la nuit ? demanda, après une pause, la Mère de Dieu à Nimfodora.

— Près de ta sœur. »

Mardona affirma de la tête, et embrassa la jeune