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LA MÈRE DE DIEU.

que tu subiras la peine des voleurs. Tu vas rendre immédiatement à son propriétaire la faux que tu lui as dérobée. Et-toi, dit-elle en se tournant vers le plaignant, garrotte-le, conduis-le chez toi et fouette-le d’importance. »

Elle prit un knout posé par terre près d’elle et le tendit au paysan.

« Donne-lui-en cinquante coups, pas un de plus, tu m’entends ? »

Le larron soupira, mais n’opposa aucune résistance. On le garrotta et on l’emmena. Quelques minutes se passèrent. Personne ne se présentait.

« N’y a-t-il personne ici qui se sente coupable ou qui ait à se plaindre d’une injustice ? » demanda Mardona.

Personne ne répondit.

« Dans ce cas, je nommerai moi-même ceux dont j’ai à me plaindre et qui ont irrité l’Éternel par leur conduite, continua la mère de Dieu. Où est Barabasch ? »

Barabasch tressaillit vivement, mais il se contint, s’approcha de Mardona et s’agenouilla devant elle, la tête basse, un peu pâle, mais d’apparence calme.

« Tu as désobéi, dit Mardona d’un ton glacial. Tu t’es, malgré mes fréquents avertissements, révolté souvent contre mes décrets. C’est un grand péché, Barabasch. Car ma volonté est la volonté divine. Te repens-tu de cette faute ? »

Barabasch se frappa la poitrine à trois reprises.

« Je me repens ! je me repens ! je me repens ! bégaya-t-il.