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LA MÈRE DE DIEU.

forte. Elle était vêtue d’une robe bleue à larges plis. Ses cheveux étaient noués dans un foulard blanc. Elle souriait, et ce sourire adoucissait sa physionomie, la rendant plus séduisante encore.

— Mais je ne t’aime pas comme une sœur ! s’écria-t-il. Mardona, je t’en conjure, renonce à ta position ! Elle ne te rend pas heureuse. Sois à moi, Mardona, deviens ma femme !

— Jamais, Sabadil !

— Et pourquoi pas ?

— On ne peut boire à la fois au calice de Dieu et au calice du diable, répliqua-t-elle. Es-tu digne de m’approcher, moi que le Seigneur a élue ? As-tu abjuré de tout ton cœur les fausses croyances ? Te sens-tu pénétré de nos saints préceptes ? Non, tu ne l’es pas ! C’est le péché qui parle par ta bouche.

— T’aimer, Mardona, est-ce un crime ?

— Prie avec moi, Sabadil, dit-elle d’une voix exaltée qui résonna dans la salle comme un son d’orgue. Prie, pour qu’il te soit donné de vaincre le mal ! »