Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
LA MÈRE DE DIEU.

les femmes l’entourèrent, et chacune d’elles se saisit d’une peau de martre pour l’admirer, la vieille Anastasie aussi bien que la Mère de Dieu.

« Quelles belles peaux ! s’écria cette dernière en passant ses mains blanches dans la fourrure dorée aux raies sombres. Sont-elles à toi, Sukalou ?

— Hélas ! non !

— À qui appartiennent-elles ?

— À un juif. »

Il pinça dans sa tabatière une prise pour dissimuler son embarras.

« Elles sont à toi, dis, Sukalou ? et tu vas m’en faire cadeau », s’écria Wewa.

Elle se mit à le caresser de la main, sur ses joues hâves, où les poils de la barbe se hérissaient comme des épines.

« Laisse-moi la paix ! grommela-t-il.

— L’avare ! s’écria Wewa. Mais je n’attendrai pas plus longtemps ta permission pour les prendre et m’en faire une garniture de jaquette. Je suis sûre que je te plairai avec cette jaquette ! »

Elle appliqua sur son épaule la peau qu’elle tenait à la main et se tourna vers lui, coquettement.

« Tâte un peu comme c’est agréable de passer les mains sur cette fourrure-là.

— Je n’en ai aucune envie », pleurnicha Sukalou.

Et il se mit à ramasser ses peaux, aussi vite que possible.

« Oh ! le monstre ! oh ! le manant ! cria Wewa en lui jetant à la figure la martre qu’elle avait à la main.