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LA MÈRE DE DIEU.

Au même instant, Sukalou eut un accès de toux terrible, qui ne diminua et ne passa complètement que lorsque Jehorig se mit à lui tambouriner sur le dos, de toute la force de ses deux poings.

« Entends-tu, Barabasch, soupira Sukalou en repoussant Jehorig, entends-tu comme je tousse ? »

Anastasie s’approcha, portant un joli petit compotier.

« À quoi bon ce joli compotier pour un pauvre vieillard ? » s’écria Sukalou.

Il saisit le compotier, le remit à sa place et choisit dans le buffet un pot trois fois plus grand que le compotier.

« Cette écuelle me suffit, mes bons amis. Avec moi, il ne faut pas tant de façons. »

À peine Barabasch eut-il rempli de miel le pot de Sukalou, que Mardona entra.

Tous s’agenouillèrent, et la Mère de Dieu les embrassa tous l’un après l’autre. Sabadil, seul, ne s’agenouilla pas. Aussi Mardona feignit-elle de ne pas le remarquer. Barabasch déposa respectueusement ses perdreaux aux pieds de Mardona.

« Que contient cette corbeille-là ? demanda la Mère de Dieu.

— Ma corbeille ? répondit Barabasch. Elle contient du miel que je porte à la seigneurie.

— À la seigneurie ? Donne-moi ce miel !

— Si tu le désires, Mardona, il est à toi.

— Oui. Il me plaît de le garder. Tu m’entends ? » Elle fit un signe à sa sœur, qui emporta la corbeille. Tandis que Mardona s’entretenait avec ses disciples,