vont jusqu’à baiser ses vêtements et à lui embrasser les pieds.
— Étrange ! dit Sabadil en secouant la tête. Et par quel hasard est-ce une femme qui est à la tête de cette secte ?
— Parce que c’est par la femme que le péché est entré dans le monde. Aussi assurent-ils que de la femme seule peuvent venir la rédemption et le rétablissement du paradis.
— Mais qui leur indique la femme dans laquelle Dieu s’est soi-disant incarné ?
— La Mère de Dieu est élue par la communauté entière, repartit le juif en souriant, lorsqu’elle a prié et se croit pénétrée de l’Esprit-Saint. Celle qu’ils ont maintenant, personne ne l’a choisie. Elle l’est devenue sans qu’on sache comment, sans qu’elle fit rien pour cela. Il paraît qu’elle exerce une influence sur ces hommes… Une vraie enchanteresse, quoi ! Et, on doit l’avouer parce que c’est vrai,… il paraît qu’elle a fait des miracles, déjà. Des malades ont été guéris par elle ; des morts ont été ressuscités ; la prière seule a suffi, et l’imposition des mains ou son haleine, tout comme un rabbi ou un zadik[1].
— Êtes-vous par hasard un Chasside ? » demanda Sabadil.
Le juif haussa les épaules.
« Pourquoi ne serais-je pas un Chasside ? Est-ce que j’ai l’air d’un Prostock[2] ?