— Oui, Mardona, je t’aime ! »
Le cœur du jeune paysan battait à se rompre. Il regardait l’étrangère d’un œil suppliant, comme pour lui demander pardon.
« Je ne sais que faire de toi, dit-elle en plissant les lèvres dédaigneusement.
— Tu es fâchée contre moi ?
— Non.
— Mais toi, tu ne m’aimes pas ? »
Il fit un mouvement, qu’elle interpréta à faux. Elle étendit la main vers lui, d’un geste menaçant.
« Ne m’approche pas, homme, si le salut de ton âme t’est cher. Tu as déjà assez péché.
— Mais… je voulais…, bégaya-t-il.
— Rien ne presse, dit-elle en souriant. Nous verrons.
— Tu me permets de venir te voir ? »
Il faisait grand jour. Le soleil luisait sur les champs de maïs. Le brouillard matinal se traînait lentement à terre, s’évaporant peu à peu.
« Je te le permets », dit Mardona.
Elle regarda Sabadil. Ses yeux bleus rayonnaient, disant bien des choses.
« Je te remercie, s’écria Sabadil fou de joie.
— Ne te réjouis pas, dit-elle d’un ton glacial ; tu ne viendras pas : je sais que tu auras peur de moi.
— Peur !… pourquoi donc ?
— Lorsque tu sauras qui je suis.
— Je ne te comprends pas.
— Prends patience ! tu ne tarderas pas à apprendre bien des choses que tu ne soupçonnes pas. Adieu ! »