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LA MÈRE DE DIEU.

— Mais, toi, tu ne travailles pas.

— Je n’ai pas à travailler. »

Les oiseaux se turent subitement. L’orient s’éclaircit, s’alluma. Le soleil parut et inonda de ses rayons les herbes et les feuilles humides.

« Et toi, demanda la mystérieuse fille, comment se fait-il que tu sois ici à cette heure ?

— J’ai passé la nuit dehors, répondit-il.

— Pourquoi faire ?

— Pour être près de toi, dit-il d’une voix basse et très douce, en baissant les yeux. Voilà bien longtemps que je te cherche. C’est hier enfin que j’ai connu ta demeure. Je me suis blotti là-bas dans ce buisson ; j’y ai attendu le lever et le coucher des étoiles. Je voulais te revoir. »

Elle baissa les yeux et parut réfléchir. Puis elle releva la tête et, tournant vers lui son doux visage, elle le considéra longuement, comme si elle eût voulu lire dans son âme.