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SASCHA ET SASCHKA.

— Avec le baron Piontkowski.

— Vous avez donc perdu la tête ?

— Je voudrais que cela fût vrai. Il se bat en ce moment même. »

Spiridia regarda fixement Ogan.

« C’est ainsi : je puis le jurer.

— Mon mari ?

— Se bat en duel, à la place de M. Saschka.

— Grand Dieu ! Et où donc ?

— Ici, dans le petit bois de bouleaux. »

Spiridia se hâta de sortir.

« Saschka ! s’écria-t-elle. Mes enfants, venez vite, vite : votre père se bat en duel, courons vite à lui ! »

En un instant toute la maison, enfants et serviteurs, fut autour d’elle.

« Mon père se bat en duel ? répéta Saschka pâle jusqu’aux lèvres ; et avec qui ? Mais cela ne peut être !

— Il se bat pour toi avec Piontkowski. »

Saschka jeta sur sa mère des regards étonnés, comme s’il ne l’eût point comprise.

« Dans le petit bois de bouleaux, te dis-je. »

Saschka n’en demanda pas davantage, et, sans proférer une parole, sans prendre le temps de mettre un chapeau, il monta sur un cheval non sellé, qu’il mit au galop, pendant que toutes les autres personnes de la maison couraient le rejoindre dans la rue.

Les sabres se croisaient pour la dernière fois dans la petite prairie plantée d’arbres qui se trouvait au milieu du bois de bouleaux, quand on entendit retentir un grand cri, et qu’on vit Urscha pénétrer à travers