Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

monde, on doit marcher comme en pays ennemi, » c’est-à-dire être armé jusqu’aux dents, ne pas demander de grâce, ne compter sur aucune, comme les Russes quand ils s’écriaient à Zorndorf : « Nous ne faisons pas de quartier ! »

— Tu n’as pas oublié la réponse des Prussiens ? Ils leur dirent : « Nous non plus. » Tu prêches la guerre de tous contre tous.

— J’applique tout simplement la leçon que nous donnent l’histoire, la statistique et surtout la science de la nature.

— Il me semble à moi que chaque science nous donne une grande et seule leçon de cette morale enseignée par Jésus de Nazareth et, avant lui, en Orient par Bouddha : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. »

— Juste.

— Retourne la maxime, rends-la positive et elle devient : « Fais aux autres le bien que tu te souhaites à toi-même. »

— Mais ce sont-là de vieilles idées !

Plant a raison ; personne ne lui dira le contraire à ce sujet. Notre époque n’a besoin de cette morale que comme les voleurs de grand chemin du siècle passé avaient besoin d’un masque de velours sur la figure. L’hypocrisie est commune, la morale rare.