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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

grit ; mais le vêtement était décolleté et dès lors impossible ; on prit une robe velours pensée qui, au soleil, avait les plus jolis reflets ; mais, à la lumière, la couleur était trop indécise ; on prit une robe en velours vert, garnie de dentelles ; elle fut rejetée comme trop riche. On s’arrêta enfin à une robe en velours grenat, qui n’était pas agrémentée, dont le corsage était fermé jusqu’au cou et qui commençait à plisser aux hanches pour finir en une traîne chatoyant sur le parquet.

À sa chevelure, Hanna ajouta une fraîche rose blanche ; à son fin poignet, elle mit un bracelet qui figurait un serpent se mordant la queue en symbole de l’éternité.

En cette toilette aussi simple que riche, la générale faisait un effet des plus distingués. Après s’être mirée en tout sens à l’aide de deux glaces, elle se trouva satisfaite d’elle-même et prit place sur un sopha dans son petit salon.

Sur la table devant elle, il y avait plusieurs ouvrages illustrés par Doré, qu’elle avait souvent feuilletés déjà, sans bien les voir, selon l’habitude des femmes. Elle feuilleta donc à nouveau le Don Quichotte, faisant défiler sous ses yeux les belles scènes. Puis elle se plongea pour la première fois dans les admirables paysages dont le maître français a embelli les œuvres de son compatriote Per-