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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

les cicatriser ou qu’elle se fût proposé de le persuader, de lui jeter sur la tête la robe de Nessus de ses charmes pour le retenir ensuite prisonnier ; loin de là ; tout ce qu’il y avait en elle de réflexion, elle l’avait appliqué avec un sérieux presque saint à chercher quelle toilette elle mettrait pour recevoir l’homme jadis aimé.

Aussitôt après le déjeuner, la générale et sa femme de chambre avaient longuement tenu conseil. La première, qui savait fort bien comme toutes les femmes vaniteuses de leur personne ce qui lui allait bien ou mal, était convaincue qu’aucune toilette ne faisait mieux valoir ses avantages qu’une simple robe de mousseline blanche ; mais la femme de chambre, experte en son métier, protestait contre ce choix, disant qu’il faisait un temps d’automne froid, orageux, qu’une toilette aussi légère n’était pas de saison et par conséquent manquerait de goût.

Après un vif échange de paroles, le choix tomba sur une belle robe de chambre en satin rose, à corsage recouvert d’une pointe en vraie dentelle, avec laquelle Hanna avait déjà fait perdre la tête à plus d’un héros de salon endurci. Mais à midi, elle trouva que cette toilette donnait à la rencontre une certaine intensité et qu’avec Andor elle manquait d’à-propos.