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LA NOUVELLE ANADYOMÈNE

l’arrogance d’une déesse qui vient de quitter l’Olympe. Alors, vous boirez le champagne dans lequel je me suis baignée.

— Comment ! vous prenez des bains au champagne ! Pas possible ! Ce serait un peu fort ! Bah ! Vous plaisantez ! dirent les visiteurs en même temps.

— Je ne plaisante pas, dit Valéria ; après le sang humain, le champagne est le meilleur liquide connu pour conserver la beauté et la jeunesse. N’ayant pas la possibilité, comme Louis XI ou Élisabeth Nadasdy, d’employer le sang chaud, je me baigne une fois par semaine dans du champagne.

— Et c’est ce champagne que nous devons boire ? interrogea la voix de chèvre avec un bruit de sabre.

— Comme vous êtes peu poétique, comte ! s’écria Rosenzweig, dont les sens usés étaient agréablement chatouillés par l’offre de l’actrice, demandez plutôt pourquoi nous ne le boirions pas. Qu’on apporte des verres ! Où est l’élément ami duquel tu es sortie, nouvelle Anadyomène, née de l’écume du champagne ?

— Qu’on apporte des verres ! crièrent à leur tour les autres se précipitant vers la salle de bain.

Andor entendit encore résonner la voix mélo-